Azadi

Azadi (liberté en Iranien) est  un hommage à Bahman Ahmadi Amouee et Jila Bani Yaghoub  couple de journalistes engagés, qui ont été prisonniers d’opinion. Ils incarnent un couple uni dans une pratique passionnée, mais risquée du journalisme.Tous deux sont des journalistes engagés dans la  lutte pour les droits des femmes iraniennes. Jila a reçu le prix du Courage en journalisme décerné par l’International Women’s Media Foundation. Bahman est un excellent journaliste économique, dans ses écrits il a critiqué la gestion par l’administration Ahmadinejad de la rente pétrolière. Ils ont été détenus pour «propagande contre le régime ».

Un témoignage contre l’injustice, pour l’égalité de tous les êtres humains, une lutte pour la tolérance et la liberté.

En première partie : «l’amour de deux journalistes plus fort que la répression»
La lecture de leurs correspondances pendant leurs  détentions par Lise Laffont et William Albors, mise en musique par Olivier Brousse (saz, contrebasse et effets).

En deuxième partie: «En Plein Cœur»
La résonance de l’enfermement dans les corps de deux interprètes (Brigitte Fischer et William Albors).

La seule chose qu’il reste au prisonnier c’est son corps. Un corps qui porte les stigmates de la souffrance,un corps souvent meurtri et privé de tout contact avec l’extérieur.C’est une bombe prête  à exploser dont la violence est contenue…fluide dans ces moments d’espoir, prostré devant l’inéluctable, contraint à l’épure, l’âme mise à nu.

La voix off du détenu égrène en espagnol des poèmes de Pablo Neruda sur la solitude.Autour de cet  homme révolté, danse une femme, gestes lents, ronde nocturne, présence apaisante, hypnotique elle vient permettre la distanciation, introduire le tiers nécessaire à la réflexion. Que représente ce personnage:la liberté, l’amour, le temps, la mort, l’esprit de cet homme enfermé, la mère, l’être aimé….chaque spectateur trouvera son interprétation personnelle.L’univers sonore fait écho à l’étau qui se resserre avec la guitare de Gustavo Santaolalla, la profondeur et la puissance du chant flamenco, une mosaïque de bruitages: portes qui se referment, clés qui  tournent définitivement….

Un propos  fort, un corps qui explose, un corps qui  apaise… seule l’imagination peut résister à l’enfermement.

Spectacle  Tout public à partir de 13 ans

Conception : Brigitte Fischer
Interprètes : Lise Laffont, William Albors, Olivier Brousse et Brigitte Fischer
Lumière : Guillaume Haushalter
Musiques : Gustavo Santaolalla, Miki Espuma
Voix off : William Albors (textes de Pablo Neruda)
Son : Olivier Brousse
Costumes : Noémie Le Tily
Photographes: Patrick Moll, Frédéric Shadoroff

Presse

« AZADI » est un spectacle fort qui dérange, un cri, une bombe à retardement.

LA DEPECHE DU MIDI – Annie Hennequin

B Fischer aborde l’enfermement dans l’esprit de dénonciation qui caractérise son travail de Danse théâtre.

LE CLOU DANS LA PLANCHE – J-O Badia

Un spectacle uppercut sur l’enfermement, sensible tout autant que percutant, ce duo solo pour comédien en cellule nous renvoie à nos prises de consciences…Il tire sa force d’être le réceptacle multiple où s’impriment nos craintes et nos colères.

Brigitte Fischer continue à baliser de ses petits cailloux scéniques un chemin d’une rare sincérité.

FLASH HEBDO TOULOUSE  –  Cécile Brochard

Tous les spectacles de Brigitte Fischer sont comme un cri, de révolte bien sûr, pour combattre l’injustice…Un combat qu’elle mène spectacle après spectacle avec le langage qui est le sien : une alchimie sensible et humaine entre danse et théâtre.

LA VOIX DU MIDI  – Florence Guilhem

« Brigitte Fischer frappe en plein cœur  avec force et émotion, un spectacle coup de poing, les paumes de la main ouvertes et les doigts tendus vers les autres, avec générosité. A l’heure où la danse contemporaine se distingue un peu trop par l’inertie et le bavardage, «AZADI» donne du sens à la danse »

 LA DEPECHE DU MIDI – Jean-Luc Martinez

La presse en Argentine et Uruguay

«Un regard critique et nécessaire qui met en lumière le silence de l’enfermement»

La Nación (Buenos Aires) – Pablo Gianera

«Une création unique et puissante»

Radio Cultura (Buenos Aires) – Diego Balan

«Deux corps à l’unisson, malgré les murs, qui se laissent emporter par la musique, entre imaginaire et réalité, entre ombres et lumières. La Danse Théâtre dans toute sa pureté»

Revista Balletin Dance (Buenos Aires) – Natascha Ikonicoff

«Une pièce sensible et engagée»

El Tribuno (Salta)

«Une pièce puissante, un thème fort et émouvant qui emmène le spectateur dans un monde à la fois violent et poétique, entre rires et larmes»

El País (Montevideo) – Carlos Reyes

Extrait de lettres de Jila et Bahman

Dans la nuit du 20 Juin 2009, trois jours après les premières manifestations qui ont suivi la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, les autorités frappent à la porte de leur appartemment de Téhéran.

Après 66 jours de prison à Evine, Jila est relachée, en attente de son procès. Bahman, lui, reste en prison. Tout deux ont 30 années d’interdiction d’exercice de leur métier.

Ils sont parvenus à exfiltrer des lettres de leurs prison respectives, pour maintenir le lien et ne pas perdre espoir.

Lettres de résistance, d’amour, de liberté…

Lettre de Bahman

Chère Jila,

Cela fait déjà plusieurs jours que je veux t’écrire et partager ce que j’ai sur le cœur avec toi. Mais maintenant que je t’écris, je ne sais pas par où commencer. Je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à me concentrer. Au début, je pensais avoir un souci grave mais il s’avère que les autres prisonniers connaissent le même problème. Nous oublions certains noms, des mots que nous utilisions auparavant au quotidien sont difficiles à trouver.

Les appels téléphoniques sont finalement devenus possibles. Un appel de cinq minutes nous est autorisé, à intervalle de vingt jours à un mois. Cela dépend des responsables de la prison qui peuvent décider de nous punir selon leur bon vouloir. Alors que j’essayais de me rappeler du numéro de mon frère, je me suis rendu compte que j’avais aussi oublié le tien. Ce jour-là, j’ai dû renoncer à mon appel téléphonique. Il me semble que j’ai le même problème maintenant; tout ce que je voulais t’écrire, je l’ai oublié.

Je me réveille tôt depuis quelques jours et la première chose que je fais au levé c’est de tuer quelques fourmis. Il y en tellement, et pourtant c’est l’hiver ?! Je ne sais pas ce qui se passe. C’est incroyable, elles forment une longue file près de mon lit, leur nid ne doit pas être loin. Après avoir tué 50 fourmis ou 60 chaque jour, depuis plusieurs jours, plus personne ne pourra dire de moi : « Bahman est une belle personne, il ne tuerait pas une mouche ». Je n’ai jamais mérité qu’on dise ça de moi.

Ici, tu croises des gens différents. Dès que tu commences à connaître quelqu’un, il est transféré dans une autre section, ou bien il est emporté pour être exécuté. Au début, lorsqu’un co-prisonnier partait pour une autre prison, un sentiment étrange s’emparait de toute la section. Certains pleuraient, d’autres restaient calmes. Nous chantions ou applaudissions au moment de leur départ. Maintenant, l’ambiance a changé. La prison semble nous avoir durcis. Je ne sais pas comment appeler ce changement, perdre ses sentiments ou alors devenir plus résistant? Quoi qu’il en soit, nous sommes en train de nous habituer à toutes ces souffrances, aux maux et aux mesquineries qu’on nous inflige.

J’ai toujours détesté m’habituer. Ne plus prendre de risques, ne plus avancer et rester immobile est désormais mon quotidien. Ces jours-ci, je me bats pour ne pas m’habituer.

Jila, j’ai l’impression qu’un paysage sans fin se dessine devant nous, incertain et parfois obscur. C’est comme si tout le pays s’était transformé en grande prison.

Ma chérie, n’oublie pas qu’à chaque tournant de l’histoire, il y a des événements imprévisibles. Pourquoi pas la libération de l’Iran cette fois? Allons, gardons espoir, toujours.

Prends soin de toi !

Bahman, 21 février 2011, prison de Evine, Bloc 350, Chambre 9

Lettre de Jila

Mon cher Bahman,

Même pour le jour de ton anniversaire, ils ne m’ont pas autorisée à venir m’asseoir à tes côtés, sans cette glace teintée, et sans ce téléphone qui nous sépare.

Je voulais m’asseoir près de toi, tenir ta main et te dire :

« Joyeux anniversaire mon chéri ».

Je savais que cela ne changerait rien mais, dans mon désespoir, j’ai tout de même appelé le bureau du Procureur plusieurs fois la semaine dernière.

Je ne sais pas pourquoi l’être humain s’acharne quand bien même il sait que la réponse va être négative.

Assis derrière la vitre, quand tu m’as entendue te raconter ça, tu t’es mis en colère. Tu as dit : « Jila, n’étais-tu pas supposée ne plus faire de requête comme celle-là ? Ne savais-tu pas que leur réponse serait négative ?  Ne le savais-tu pas ?! »

J’ai baissé la tête et j’ai répondu « Je savais… mais… mais tu me manquais.

Cela fait presque un an que je ne t’ai vu qu’au travers d’une vitre. Imagine-toi… presque une année durant laquelle, pas même une seconde… pas une seconde je n’ai pu te prendre dans mes bras, tenir ta main et la serrer ».

De nouveau, tu as fermement  répété : « Tu me manques aussi, mais s’il-te-plaît, ne leur demande plus rien, surtout quand tu sais que la réponse sera négative ».

C’est exactement ce que les interrogateurs veulent, ça leur fait plaisir de te voir ainsi tourmentée. Tu dois te préparer à ce que, même ces visites en cabines, nous soient confisquées. Tu vas devoir rester forte ».

Les souffrances de ces deux dernières années n’ont eu qu’un seul effet : notre amour a grandi.

J’ai placé mes mains sur la vitre, et tu as placé tes mains sur la surface opposée de cette plaque de verre, comme si tu touchais ma paume.

J’ai essayé d’absorber la chaleur de ta main puissante de l’autre côté de la vitre, puis je t’ai envoyé un baiser.

Tu as demandé : « Étais-ce mon cadeau d’anniversaire ? »

Mon chéri, plus que jamais, je suis fière de notre patience et plus que jamais je t’aime.

Te souviens-tu, tu me rappelais toujours ce proverbe asiatique :

« Transformons nos douleurs en force ».

Joyeux anniversaire.

Jila, 23 mai 2011

Partenaires

La Ville de Toulouse

Le Conseil Général de la Haute Garonne

Le Conseil Régional de Midi Pyrénées

La Mobilité du Conseil Régional (Tournée Argentine/Uruguay)

Le Théatre du Pavé et le Grenier Théâtre à Toulouse

Le Château de Mauvaisin à Mauvaisin (31)

De l’une et l’autre production

Spedidam pour tournée Argentine et Uruguay

Amnesty International